Petite question technique.
A plusieurs reprises, on m'a posé la question de savoir comment seront écrits les textes dans les bulles, que vous voyez vierges depuis le départ, suspense oblige !
J'ai donc décidé de vous parler un peu du lettrage qui sera utilisé dans l'album...
Le sujet parait simple et anodin, mais il faut savoir que ce ne fut pas si évident à déterminer. Et ce n'est seulement qu'après quelques difficiles réflexions et essais que le choix fut fait. Car le lettrage est important, il contribue tout d'abord au graphisme de la planche, mais il est aussi, en quelque sorte, le faire-valoir du scénariste et de ses écrits, donc ce n'est pas à prendre à la légère...
Dans un premier temps, j'avais essayé de lettrer mes bulles moi-même. Directement sur la planche originale, en souvenir de tous ces magnifiques planches vues dans les expositions, arborant de superbes calligraphies, nettes, claires, lisibles et élégantes !
Ah, il y a rien à dire mais c'est un métier...
Échec total !
Les lettres dansent et la lisibilité n'est pas au rendez-vous, peut-être suis-je trop crispé par le craquement permanent de ma plume, prête à tout en espérant que son supplice s'arrête là !
La deuxième étape, fut le même essai mais sur du calque cette fois-ci. Même essai, mais même échec aussi !
Soit, je ne me laisse pas pour autant démonter et je décide de prendre contact avec un lettreur pro, un vrai, un artisanal. Philippe Glogowsky est une vrai machine de combat rodée dans le lettrage, il enlumine bien des titres chez Dupuis, de Pellejero à Sicomoro, et même le Spirou de Munuera ! Bien gentiment, il accepte de faire un essai sur mes planches. Beau et élégant ! Mais hélas, le travail artisanal a son prix, que je ne peux assumer... L'idée est écartée ! Je le remercie malgré tout pour le temps qu'il a accordé à mes planches.
Voici un petit exemple de ce que m'a proposé Philippe...
Mais ce n'est pas grave et je ne baisse toujours pas les bras !
Bien entendu, avec les techniques actuelles, je me dis qu'il est sûrement possible de trouver une solution adéquate qui serait positive de tous points de vue... Et cette réponse providentielle m'apparaît alors, en la personne de Jean-Michel Beuriot ! Auteur, entre autres, d'"Amours fragiles" chez Casterman, il a vectorisé son lettrage manuel et l'a informatisé, ce qui permet de profiter des bienfaits d'un lettrage informatique en évitant certains inconvénients (un peu trop de froideur et de systématisme). Et c'est bien sympathiquement qu'il me le prête, content d'aider un auteur dans la détresse la plus profonde !
Et après quelques concertations avec Agnès et Jean-Claude Bartoll, ainsi que Glénat, nous décidons d'opter pour celui-ci, un compromis entre tous les besoins et toutes les données prises en compte... Merci donc à Jean-Michel Beuriot pour ce don !
Voici donc ce vous verrez finalement dans l'album !
C'est l'occasion de faire un clin d'oeil à cet excellent auteur et de vous inviter à faire un tour sur son blog, afin de découvrir l'élaboration du quatrième opus de sa très belle série "Amours fragiles" chez Casterman, vous ne serez pas déçu ! CLIC !